Le « food management », une stratégie payante dans les entreprises en pleine mouvance - 23 octobre 2019
Le Food Management :
Et si le secret de la performance des entreprises tenait aussi dans l’assiette de ses salariés?
Certaines ont choisi de choyer leurs employés aux petits oignons.
Après le « vivre-ensemble » et le « travailler ensemble », voici le « manger ensemble » qui améliorerait nettement l’esprit d’équipe, la communication et par conséquent, la performance. Ce qui peut finalement nous paraître assez ordinaire et banal peut en réalité devenir une clé de succès dans nos modes de management de demain.
Une problématique identifiée.
Nous avons en moyenne 16 minutes pour manger seul et souvent mal à midi, dans de mauvaises dispositions en sortant d’une réunion retardée, de manière spartiate devant une gamelle préparée à la hâte. Voici des exemples concrets et notables que tout salarié a vécu.
De son côté, l’entreprise cherche des moyens de plus en plus sophistiqués pour développer le team-building et améliorer les relations inter-collègues. Beaucoup d’expériences ont été tentées pour créer de la dynamique de groupe avec des activités extérieures, des expériences artistiques, des balades en montagne, de la simulation de vie sous-marine, des missions de commando, de la simulation de crise. Si finalement, la solution était aux portes de la cuisine ?
C’est en partant de ces deux observations que le modèle du « food management est né ». Oublier les déjeuners au resto et penser cuisine en open-space. Depuis peu, le repas et sa confection sont abordés comme une stratégie managériale.
Le raisonnement des managers
Tout groupe se soude autour d’une table ! Dans les différentes cultures, la table est un point autour duquel la bonne entente se crée depuis la nuit des temps.
Manger un bout, boire un coup, voici des actions simples qui ont permis de créer les plus grandes ententes entre les régnants et maintenant de signer les contrats entre les firmes.
Répondant à un besoin de base, primaire, ce moment de rassemblement ne peut donc être négligé par une réflexion managériale. Consommer de la nourriture régulièrement est une des rares pratiques que partage très largement tout être humain.
Le management n’est-il pas perpétuellement à la recherche de ce que les individus peuvent partager puisque c’est un fondement nécessaire pour renforcer les liens ? Mieux encore, dans de très nombreuses cultures, les gens ont souvent faim à peu près aux mêmes heures, ils ont donc naturellement la possibilité de se rencontrer et de partager ce moment de la journée incontournable. Dans notre Société on a conservé la genèse du repas, ce moment de milieu de journée où l’on ne fait pas qu’absorber de la nourriture, mais où on éprouve le besoin de s’asseoir pour échanger et avaler différents mets dans un ordre rigoureux et précis. D’ailleurs, lorsque des collègues cessent de le faire ou quand on s’accommode de ce que chacun le fasse dans son coin, c’est généralement le signe d’une détérioration de l’ambiance de la communication et par conséquent, de la capacité à collaborer en interne.
Observer au restaurant comment se regroupent les convives n’est-il pas un bon indicateur sur les affinités spontanées, sinon du climat.
Depuis quelque temps, les managers se sont penchés sur ce moment représentatif d’une ambiance de travail.
Pour le manager, le partage du repas est un lieu de renforcement de ce que l’on a en commun? Il ne s’agit pas forcément d’en faire un lieu d’information ou de persuasion, mais simplement d’une expérience commune qui a l’avantage, à la différence de beaucoup de méthodes de team-buiding d’être peu couteuse, facile à entreprendre, régulière, et agréable pour tous. Si elles ne proposent pas encore la restauration gratuite, les entreprises françaises font le même calcul que leurs cousines américaines : Rien de mieux pour fidéliser ses équipes qu’une offre culinaire soignée et diversifiée.
Exemples d’entreprises ayant investi sur cette approche
Un grand nombre d’entreprises américaines comme Google avait depuis longtemps intensément communiqué sur sa politique d’open food, selon laquelle aucun salarié ne devrait se trouver à plus de 100m d’un lieu de restauration sur son lieu de travail. Le cuisinier était même devenu l’emblème d’une politique managériale novatrice où la perspective de bonne nourriture partagée et gratuite devait rendre possible et renforcer des relations fructueuses entre les personnes. C’est un lieu où les salariés sont plus aptes à donner leur avis et à exprimer leur mécontentement.
Les militaires par exemple, soulignent souvent l’importance du mess (cantine) dans l’exercice du commandement, c’est le lieu de relations plus personnelles et décalées. Souvent, les repas ont permis de régler plusieurs problèmes interpersonnels qui dans le cadre de l’armée, sont même dangereux pour un groupe qui aurait des disparités et se retrouverait sur le champ de bataille.
Ce qui frappe les visiteurs qui pénètrent dans le siège de Facebook, dans la Silicon Valley, ce sont les odeurs de cuisine, odeurs que l’on ne s’attend en aucun cas à ressentir dans un tel lieu. Et pourtant, burritos, barbecue, confiseries sont disponibles à n’importe quelle heure de la journée, les salariés peuvent de manière gratuite, venir prendre leur repas ou grignoter un en-cas minute. Une manière pour le champion des réseaux sociaux de retenir un peu plus longtemps ses collaborateurs au bureau, de leur faire oublier les heures perdues dans les embouteillages, mais aussi de donner envie aux « cerveaux » de se joindre plus étroitement à l’aventure.
En France, dans la zone de La Défense à Paris, c’est au sous-sol de la tour Ariane, siège notamment de la Société Générale, que le restaurant interentreprises, géré par Sodexo, a fait le choix de faire piloter ses cuisines par les équipes d’Alain Ducasse (grand chef étoilé), qui réservent aux salariés un accueil chic et millimétré à ses clients. Chaque jour, sont servis 1 500 repas raffinés, avec surprise gourmande et fraîcheur bio, poisson au bouillon végétal, jus de fruits et de légumes de saison. La cerise sur le gâteau, quelque chose d’inédit dans un RIE, la petite brigade de pâtissiers peaufine les gâteaux sous les yeux des clients.
Neuflize OBC, filiale de la banque néerlandaise ABN-AMRO, est allée jusqu’à installer un jardin bio sur les toits de son siège parisien, à deux pas des Champs-Élysées. Celui-ci alimente les 40 couverts du restaurant, qui vibrent au son du terroir local, de produits cultivés de manière insolite et originale et de la gastronomie française. C’est dans ce décor digne d’un grand restaurant qu’on accueille les clients importants. Même si la plupart des 800 employés n’ont pas accès à ce salon VIP, Neuflize OBC est convaincu que son potager renforce son image d’entreprise responsable auprès de ses collaborateurs.
Convier ses clients
Manger ensemble est signe d’intimité et de volonté de création de relation interpersonnelle. Dans la culture occidentale, dans les relations sociales, on ne va pas facilement et immédiatement partager un repas. Cependant, quand on le propose et si l’invitation est acceptée, c’est le signal d’une volonté d’approfondir la relation, d’une envie ou d’un intérêt de se rapprocher, d’aller au-delà des relations professionnelles prescrites et strictement indispensables pour bien faire son travail. Dans le domaine commercial, le repas est devenu une institution et les fournisseurs invitent leurs clients ou partenaires régulièrement afin de pérenniser et entretenir une relation. Désormais, convier ses clients dans les restaurants internes aux entreprises est à la mode et c’est même devenu une stratégie payante. Les clients peuvent alors comprendre comment ces personnes vivent et travaillent à l’intérieur et ainsi développer une nouvelle atmosphère de confiance avec son partenaire. Donner l’impression à son client qu’il fait lui aussi partie de l’entreprise à travers la cuisine, est une combinaison d’avenir.
Respecter les envies, exigences et contraintes alimentaires de chacun
Manger ensemble c’est aussi un lieu d’expression et d’acceptation de la diversité, des cultures, des exigences et des envies de chacun. Celle-ci s’exprime dans les multiples ajustements individuels liés à la nourriture sous forme de régimes spécifiques, d’interdits alimentaires ou de contrindications.
Il est donc tout aussi légitime que les différentes catégories de salariés et de personnalités préfèrent manger au restaurant d’entreprise, dans des salles réservées à cet effet ou dans une salle unique. Là encore il ne s’agit pas de faire de la démagogie, mais d’inviter des managers à investir la question de la « compagnie » (étymologiquement : le partage du pain). Un des exercices complexes pour les managers est d’amener son équipe à se rassembler justement au-delà du travail quotidien. Certaines entreprises prennent les devants et organisent ou proposent plusieurs fois par semaine de faire des commandes groupées chez des restaurateurs ou des commandes de paniers de légumes bio qui vont être soit à cuisiner soit cuisinés sur place.
Il est nécessaire de laisser les collaborateurs mettre en place cet espace qui a pour définition de ne pas être imposé, mais au contraire construit ensemble puisque c’est le seul espace qui est indéniablement collectif. Ainsi, les managers doivent impliquer leurs équipes dans le projet de réalisation et de mise en place de cet espace. Ils peuvent alors, en déléguant ce projet, voir ce que désirent les salariés, mais surtout voir comment ils collaborent pour créer de toute pièce cet espace qui sera le leur.
Décloisonner la hiérarchie
La cuisine devient le lieu qui incarne un certain décloisonnement depuis que la majorité des entreprises a pris le virage du digital. Certains patrons ont parfois du mal à induire des relations transversales plutôt que verticales avec leurs employés. Le culte de la hiérarchie tombe en désuétude. Il est beaucoup plus cool et efficace pour un patron de motiver son équipe à se rejoindre pour partager le pain sur un espace dédié plutôt que d’inviter ses employés au restaurant du coin. Cela ne ferait que renforcer sa position de supériorité.
La cuisine en interne permet de casser les liens hiérarchiques le temps d’un repas, de créer de nouveaux modes collaboratifs et une agilité à tous les niveaux. Les responsables ont donc plus de facilité à réunir plutôt qu’à faire venir.
Manger fait partie de notre Histoire
Historiquement, la « compagnie » est le nom traditionnel de l’entreprise. Son étymologie du XIe siècle renvoie au partage du pain, à l’action de rompre le pain ensemble. Le compagnon est d’ailleurs celui avec lequel on partage le pain. Manger est important comme notre anthropologie et notre culture nous le confirment.
Ceci ne peut qu’améliorer les relations professionnelles où la pression de l’activité peut avoir tendance à gommer toute forme de retenue dans les relations humaines. Cependant, il ne faut jamais oublier que toute initiative managériale a toujours des côtés positifs et ses revers. Vouloir trop inclure ses équipes est souvent aussi un moyen d’exclure certains profils marginaux, mais performants. Mais ne pas intégrer le « manger ensemble » dans sa stratégie globale de management a encore plus d’effets pervers.
Déjeuner ensemble est sain, c’est même une belle opportunité pour se rapprocher de ses collègues.
Adrien COUSSONNET
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